Une amie très proche l’a eu, et j’ai souhaité partager son expérience car l’on se pose souvent la question de comment savoir si l’on est touché par le Covid-19 à l’apparition de certains symptômes qui nous paraîtraient banals en d’autres circonstances. D’ailleurs les symptômes semblent être tellement variables d’une personne à l’autre… Voici donc ceux de mon amie, et je traiterai également à la fin de cet article d’autres symptômes dont j’ai entendu parler dans mon entourage. Ils ne sont pas exhaustifs et cet article ne se veut pas en aucun cas un substitut d’un diagnostic médical réalisé par un professionnel.
Nous appellerons mon amie M. par souci d’anonymat. M. s’en remet aujourd’hui peu à peu mais l’expérience l’a quelque peu traumatisée. Le climat anxiogène n’aide évidemment pas…
J1 et J2 : apparition de premiers symptômes similaires à ceux d’une grippe. Elle pense qu’il s’agit de son allergie printanière au pollen qui commence. Elle ne s’en inquiète pas plus que cela. Elle a été en contact une semaine auparavant avec des personnes très malades mais qui ne lui ont pas confirmé s’il s’agissait du Covid, donc elle ne fait pas forcément le lien.

J3 : elle a des migraines ainsi qu’un mal de dos intense et peut à peine se lever. Elle a également des douleurs à la nuque. Elle passe sa journée au lit. Elle prend de l’ibuprofène pour faire passer les symptômes.
J4 : en plus des douleurs précédentes, elle a 40° de fièvre et le corps parcouru de frissons. Sa fille qui fait la cuisine lui dit que le contenu des plats est en train de brûler. Elle-même répond qu’elle ne sent aucune odeur. Elle demande à sa fille de lui apporter son parfum (elle ne peut que très difficilement se déplacer) et confirme qu’elle n’a plus aucun odorat. Son sens du goût a également disparu, ce qu’elle mange est extrêmement fade. Elle prend peur car la perte de l’odorat et du goût sont des symptômes assurant à 90% que l’on est atteint du Covid.
J5 : en plus des symptômes précédents, elle commence à ressentir des difficultés à respirer, comme si un étau lui enserrait la poitrine. Elle appelle son médecin, qui lui dit qu’elle est probablement touchée et lui conseille de venir au centre médical dédié de notre ville. Elle tente d’y aller en voiture mais manque de tomber entre chez elle et sa voiture (quelques dizaines de mètres). Elle trouve quelqu’un pour l’emmener. Après examen, le médecin lui confirme le diagnostic et lui indique qu’à son âge (40 ans) et au vu de son état de santé habituel, les symptômes qu’elle a eus jusqu’à présent étaient probablement au plus fort et qu’à partir de là, la situation devrait s’améliorer. Elle est renvoyée chez elle avec une ordonnance pour du paracétamol pour calmer les douleurs, et pour consigne d’aller aux urgences en cas d’aggravation. C’est un soulagement pour elle que l’on ait mis un mot sur ses symptômes, même si ce mot la terrifie.

J6 : ses symptômes ne s’améliorent pas et elle est de plus en plus mal : douleurs, fièvre, difficultés respiratoires… mais pas de toux. Elle appelle un proche médecin qui travaille à l’hôpital et lui envoie par courrier électronique une ordonnance pour des antibiotiques et de la chloroquine, car c’est ainsi que sont traités les malades dans son hôpital. La pharmacie refuse de lui délivrer ses médicaments sous prétexte que son médecin traitant habituel ne les lui avait pas prescrits sur l’ordonnance originale. Le second médecin a dû appeler la pharmacie afin qu’elle puisse les obtenir.
J7 : elle a d’importantes plaques rouges sur le corps. Après appel, son médecin lui indique qu’elle doit être allergique et lui dit d’arrêter la chloroquine, et la change d’antibiotique.
J8 : depuis ce jour, elle commence à se rétablir un peu plus chaque jour. Elle a également été mise sous cure intense de vitamines, et son médecin a fortement conseillé à ses enfants d’en prendre aussi. Elle a néanmoins toujours des aphtes dans la bouche, et une sensation de brûlure et de perte de sensibilité semblable à ce que l’on ressent après s’être brûlé la langue. Elle a encore un peu de mal à respirer tout à fait normalement 10 jours après le début des premiers symptômes, et va subir une radiographie des poumons.

Ses 3 (grands) enfants qui vivent avec elle ne semblent pas être contaminés, ou bien ils sont asymptomatiques. En plus des symptômes physiques, l’importance des symptômes psychologiques n’est pas non plus à négliger : l’incompréhension, le déni, la peur de mourir, la peur d’être stigmatisé et donc la crainte d’en parler presque par honte, la recherche de l’origine de sa contamination…
Sa radiographie des poumons s’est bien passée et aujourd’hui, un mois après les événements, elle est guérie. Sa fatigue l’a pourtant longtemps poursuivie.
Parmi mes connaissances, et notamment une personne déjà en novembre 2019 en France (à son retour d’un voyage à l’étranger), figurent également des personnes ayant eu des éruptions cutanées (pieds, dos et torse), des nausées, diarrhées, et des hallucinations (chez une petite fille de 5 ans qui hurlait et ne reconnaissait plus sa mère). Chez tous un point commun : l’impression de ne jamais avoir été aussi malade de leur vie (ils sont tous en bonne santé générale, pas de facteur de risque particulier, pas d’immuno-dépression), une maladie dont on met relativement longtemps à se débarrasser complètement (la toux dure dans les 4 semaines) et surtout de très mauvais souvenirs et une grande motivation pour tout faire pour éviter d’être de nouveau contaminé (il semble que le virus mute donc on ne sait pas si ni combien de temps l’on est immunisé) !

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