Voilà en 4 mots mon état d’esprit depuis quelques jours…
J’avais pourtant commencé à écrire un article il y a 2 semaines je crois, qui expliquait que bien que les consignes de déconfinement aient été données, je ressentais toujours une certaine crainte, voire même une aversion pour « le monde extérieur ». A chaque fois que quelque chose de nouveau pénétrait ma maison, mon foyer, j’avais l’impression (idiote hein) de le voir avec des petits virus accrochés dessus et j’avais pris l’habitude de le laisser isolé et de veiller à ce que personne n’y touche, pendant quelques heures à quelques jours selon le matériau – juste au cas où. Bon sauf mon mari hein. Mais bon il fallait quand même qu’il aille directement sous la douche « pour se décontaminer » avant de toucher à quoi que ce soit… Parano je vous dis.
Lors des rares sorties que nous nous autorisions, plus pour les enfants que pour nous, nous faisions bien attention à ne pas croiser les « Autres » de trop près, quitte à bien nous coller aux murs pour éviter ceux qui ne partageaient pas forcément les mêmes appréhensions (et qui sont peut-être plus normaux que nous ?), et même à éviter de nous retrouver dans le sillon respiratoire des joggers et autres sportifs…
De même, cela faisait plus d’un mois que nous n’allions plus faire nos courses chez les commerçants de la ville (sauf pour le pain, mais nous avions réduit notre fréquentation quotidienne de la boulangerie à une ou deux fois par semaine), et que je me faisais livrer exclusivement les courses par Internet. Alors bien sûr, c’est moins frais, c’est moins bon – la viande n’était pas exemple clairement pas au niveau de nos bouchers locaux, et ne parlons pas du poisson – mais même les fruits n’avaient pas bonne mine. Mais au moins nous n’étions en contact avec le livreur que sur les 5 à 10 minutes qui lui étaient nécessaires pour décharger, et surtout je crois que ce qui me rassurait était que nous conservions notre « cocon » intact, avec peu de contact de l’extérieur et surtout sans sortie d’élément intérieur.

Tout cela permet de mieux contextualiser pourquoi, alors même que le 11 mai nous étions officiellement déconfinés, nous n’avons pas osé franchir le seuil de notre jardin. Non, nous sommes restés bien 2 semaines de plus confinés, « comme avant ». Les habitudes sont rapides à prendre finalement. Nous nous faisions la réflexion, lorsqu’il nous arrivait de voir des émissions de télévision qui rediffusaient des concerts « d’avant », en plein air, où les gens dansent, entassés les uns sur les autres en fosse, que ces images étaient étranges, irréalistes… voire même déplacées. Alors qu’elles sont juste une représentation de la vraie normalité en fait. Et que c’est la situation actuelle qui n’est pas normale. Mais nous avons déplacé notre curseur. Triste.
Et du coup voilà, depuis quelques jours et en particulier un soir où nous avons reçu des amis (et voisins) pour un apéro avec les enfants dans le jardin, que cela suffisait. Cela suffit d’avoir peur de tout, y compris et surtout de son prochain. Bon on ne passe pas du rien au tout non plus hein, je ne vais pas lancer une campagne de free hugs dans la rue. Mais nous sortons (un peu) plus, nous croisons des gens (de loin quand même), notre Dragonne vient de reprendre ses cours d’équitation pour son grand bonheur (même si les conditions sont un peu particulières), nous sommes même allés à l’école du petit Poulpe pour récupérer les livres de ses abonnements à l’Ecole des Loisirs et ses chaussons, et nous en avons profité pour discuter avec la maîtresse et constater de nos yeux ce que l’école maternelle et sa classe sont devenus.

Il y en a marre d’être isolé, de n’être qu’entre nous 6. Et encore, nous mesurons la chance que nous avions d’être à 6 à la maison, cela permet tout de même de varier les échanges. Nous sommes privilégiés en termes d’espace et de technologies, et nous en sommes parfaitement conscients.
Et dans le même temps nous sommes aussi conscients que cela nous a fait vraiment beaucoup de bien de retrouver d’autres « être humains » amicaux, que nous aimons, et cela nous a fait réaliser à quel point discuter simplement en face à face avec eux nous avait manqué. Bien sûr nous avions la visio, mais cela ne peut remplacer totalement la rencontre physique. Et c’est peut-être encore plus vrai pour les enfants, qui pour certains ont repris l’école ou sont en passe de le faire. L’expérience est bonne pour certains, mitigée pour d’autres.
Bref nous faisons toujours attention, mais nous nous permettons davantage d’écarts (qui n’en sont pas en réalité), car il va bien falloir apprendre à vivre avec. Nous espérons avoir déjà eu le coronavirus en étant asymptomatiques, de manière à ne plus être contagieux pour nos proches. Mais sans test, impossible de le savoir. Nous faisons aussi attention à ne pas nous approcher de trop près des quelques personnes âgées ou vulnérables de notre entourage, mais nous commençons à nous autoriser à les voir. Est-ce que cela changera quelque chose, que nous les voyions maintenant ou dans un mois ? Mis à part les regrets que nous risquons d’avoir de ne pas avoir passé davantage de temps ensemble ?
Et chez vous, comment se passe le déconfinement ? Beaucoup de courage à tous et merci encore aux personnels soignants de prendre soin de nous – au détriment de leur propre santé, à la fois physique et mentale – il est difficile de se rendre compte de ce qu’ils vivent. Ils ont besoin de vacances. Mais même si ce « creux de la vague » paraît le meilleur moment pour le faire, a priori c’est compliqué alors que nous attendons une éventuelle seconde vague. Alors vraiment, beaucoup beaucoup de courage à eux. Et merci.

Pourquoi avoir peur ? De quoi avoir peur ? D’un virus qui a fait moins de trente mille morts ? Attendons de voir le nombre de morts en France fin décembre, il sera sans doute sensiblement le même que chaque année… Pour ma part, j’ai 58 ans, je n’ai pas vécu dans le confinement le plus strict. Je me suis vite défait des « gestes barrière », j’ai refusé d’avoir peur. Le covid s’en prend à des personnes qui ont un système immunitaire déjà fragilisé, me semble-t-il. On nous vend de la bien mauvaise nourriture dans la grande distribution, des nuages radioactifs nous passent régulièrement au-dessus de la tête, on tourne aux antibiotiques dès qu’on a une petite maladie de saison, on respire un air pollué, on consomme des médicaments très chimiques dont les effets secondaires finissent par apparaître comme extrêmement dangereux, les scandales éclatent mais on fait toujours confiance à cette « médecine-là » et on se rend malade en se soignant, on se gave d’agro-alimentaire qui nous rend obèse, on utilise pour boire et cuisiner une eau du robinet soi disant potable, et on s’étonne d’être fragile face à un petit virus ? S’il faut avoir peur, on peut avoir peur du nucléaire, des avions qui s’écrasent, des accidents de voiture, des accidents cardio-vasculaires, des AVC, des cancers, de tant d’autres causes de mortalité dont on ne se préoccupe pas la plupart du temps. Ils nous ont vendu une phobie de la maladie et de la mort qui va avec improbables et ça a marché. Résultat des courses : une grande crise économique justifiée par le sanitaire et que nous allons devoir payer maintenant.
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Bonjour Brice, et merci pour ton commentaire. Il y a effectivement beaucoup de vrai dans ce que tu dis : je partage avec toi le fait que notre mode de vie et de remédiation aux maladies ne sont pas des plus adaptés.
Chez nous, même si nous vaccinons tout de même les enfants, nous essayons d’avoir le moins recours possible aux médicaments et plutôt d’adapter une alimentation aussi saine que possible en l’adaptant aux maladies de saison pour booster nos systèmes immunitaires, et nous buvons de l’eau en bouteille (malgré le fait que ce soit loin d’être écologique, mais après avoir vu les effets que l’eau du « robinet » a eue sur une de mes cousines au Canada qui a eu des douleurs dont aucun médecin n’a su déceler la provenance, et qui n’ont disparu une fois qu’elle a changé de lieu d’habitation – nous nous passons de cette eau lorsque c’est possible bien sûr en tout cas pour notre consommation habituelle) . Après nous restons humains hein…
Et nous tâchons également de consommer une électricité « verte », du moins pour ce que nous en savons. Pour le reste, je suppose que nous faisons confiance aux chercheurs et aux médecins en cas d’accidents cardio-vasculaires, AVC, cancers… dont on se préoccupe mais sans verser dans la psychose car mis à part tenter de vivre aussi loin que possible des facteurs aggravants, il n’y a pas grand chose que nous puissions faire pour les éviter complètement.
Tandis que dans le cas du covid-19 (ou de la covid-19 pour faire plaisir à l’Académie), le but de la distanciation était de limiter (et non pas d’éliminer) le nombre de contaminations à une certaine période donnée afin de donner aux hôpitaux du lest et leur permettre de traiter aussi correctement que possible les personnes malades. Hors c’est cette distanciation et toute la communication autour de cela (on a rarement vu une campagne marketing aussi efficace !!) qui ont fait peur, et je pense, plus que la maladie elle-même.
Quant à la maladie, je comprends qu’elle puisse faire peur aussi. Une personne de mon entourage l’a eue et elle a cru qu’elle allait mourir (à 40 ans). Ce n’est pas tant pour elle qu’elle a peur même si c’était aussi le cas, c’était surtout pour ses 3 enfants (une jeune adulte et 2 adolescents) qu’elle aurait laissés derrière elle. J’ai une amie dont la petite fille de 5 ans a été touchée également, et je vous garantis qu’elle a eu peur lorsque la petite a fait des fièvres et des hallucinations au point de hurler car elle ne reconnaissait personne, pas même sa mère. Je pense que les cas proches rendent les choses plus concrètes. Alors bien sûr, je suis soulagée de ne pas être passée par là, mais quelque part lorsque je les vois maintenant, en pleine forme c’est-à-dire comme avant, je me dis qu’elles ont vécu la situation « avec succès », et je les envie peut-être un peu car elles peuvent être immunisées à présent. Tout en ignorant la persistance possible de certaines modifications sur leurs corps ? La complexité des sentiments humains…
Et enfin, la maladie fait peur par son mode de propagation particulièrement insidieux. Ce n’est pas la première fois que l’on voit un virus qui se propage au travers de porteurs sains, mais dans le cas actuel c’est particulièrement probant, et diablement efficace – sans même parler des mutations. Par ailleurs, on parle aussi de « régulation » de la population par le fait que cette maladie soit particulièrement mortelle en particulier pour les personnes âgées et vulnérables. Mais qu’en aurait-il été si la pyramide des âges touchée avait été inversée, c’est-à-dire si les enfants avaient été les populations les plus à risque de mortalité ? Les réponses de nos gouvernements et la réaction des populations auraient-elles été semblables ? Et si c’était ce qui nous attendait la « prochaine fois » ? Finalement, le coronavirus pourrait-il n’être qu’une alerte « sympathique » quant à notre mode de vie et à notre gestion des ressources disponibles ?
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