Pourquoi mes enfants n’ont pas repris le chemin de l’école cette semaine

  • Ils sont en CE1 et en MS. Donc premièrement, ils n’étaient pas concernés par la première vague de reprise du 14 mai, mais potentiellement à partir de celle du 25 mai. Cela signifiait donc qu’à partir de cette date et en prenant en compte les enfants des professions prioritaires qui sont accueillis tous les jours, et donc la rotation nécessaire à mettre en place pour tous les autres, ils n’auraient plus eu que 11 jours d’école – ce qui est aussi bien différent de 11 jours de classe bien sûr. Rien qu’avec cela, c’était déjà vite vu… Donc ne serait-ce que par solidarité, autant laisser notre place à d’autres parents que cela pouvait arranger d’un point de vue professionnel ou autre de pouvoir remettre leurs enfants à l’école, quand nous avons nous-même le choix de ne pas le faire. Cela signifie aussi moins charger les classes ce qui je pense allège également la tâche de l’établissement pour qui tout ce qui peut leur faciliter les choses, en ce moment, est bon à prendre.
  • Alors oui, les personnels (enseignants ou non) des écoles auraient déjà eu une dizaine de jours pour se faire à cette nouvelle organisation avec un nombre limité d’élèves, mais je ne suis pas certaine que ladite organisation reflète une image que j’aimerais que mes enfants perçoivent (et surtout conservent) de l’école et de l’environnement scolaire de manière générale. C’est un point de vue tout à fait personnel, mais pour le moment j’estime qu’ils ont été en majeure partie épargnés par le stress que cette situation inédite a pu engendrer, et j’aimerais qu’ils gardent une représentation joyeuse et vivante de l’école, synonyme d’une certaine liberté (sans les parents quand même) et en tout cas d’autonomie. Je comprends tout à fait les contraintes en termes d’hygiène et de circulation que la reprise de l’école requiert, mais autant l’école implique des règles de bon sens et de citoyenneté, autant elle se veut le support de l’apprentissage du « vivre ensemble » et je ne conçois donc pas ces contraintes supplémentaires comme un apprentissage nécessaire ou même positif, à ce stade et à cet âge. Dans leur cas, j’estime donc qu’il y a davantage de bénéfices à ce qu’ils terminent l’année à la maison en enseignement distanciel, plutôt qu’en présentiel. Tout en étant consciente qu’il y a d’autres cas ou contextes personnels où le retour physique à l’école sera plus bénéfique que de rester à la maison.
  • L’enseignante de mon aînée, scolarisée dans le privé, est extraordinaire et je me rends compte – encore plus aujourd’hui qu’en début d’année – de la chance que nous avons de l’avoir en cette année compliquée. Je pense que le CE1 est déjà une année charnière en termes d’apprentissages et, alors qu’elle gère une classe de double-niveau (pour la dernière année, l’école de ma fille a encore 2 classes de double-niveau dont une CE1-CE2 qui nous concerne), Madame P. réussit d’une main de maître(sse) à asseoir les acquis de l’année par le travail quotidien demandé, à aborder et à enseigner de manière efficace les dernières nouvelles notions du programme par des cours en visio (même si elles seront révisées l’an prochain en CE2), et surtout à animer la classe (et les parents !) en créant une émulation entre les élèves qui, même s’ils ne sont plus ensemble, ont le sentiment de faire partie d’un même groupe uni et soudé par des petits défis presque quotidiens. Donc terminer l’année de la même manière qu’elle assure la classe depuis le début du confinement est plutôt un soulagement pour nous que je partage avec d’autres parents de la classe : elle est plus disponible et plus efficace ainsi à distance que si elle était en présentiel à devoir gérer quelques élèves présents physiquement, d’autres à distance, éventuellement des élèves d’autres classes également, la logistique qui lui incomberait et la discipline qui va avec (circulation, récréations, respect des règles de distanciation, port du masque éventuel…), l’hygiène (gel hydroalcoolique, allers-retours aux toilettes…), la restauration à la cantine… Avec tout cela, à quel moment aurait-elle pu faire la classe ?? D’autant plus qu’il lui aurait été impossible d’envoyer des élèves au tableau et qu’elle n’avait pas la possibilité de corriger les cahiers vu qu’elle ne peut pas y toucher… Un véritable casse-tête ! Donc quand elle nous a annoncé qu’étant vulnérable, elle était désolée de ne pouvoir reprendre la classe, je n’ai pas caché ma satisfaction et j’ai même ressenti un poids en moins à l’idée que ma fille pouvait continuer à apprendre efficacement en toute sécurité dans le cocon de la maison…
  • Quant à mon fils scolarisé en MS dans le public, c’est surtout vis-à-vis des conditions de reprise en maternelle qui m’ont posé question. Comment faire respecter les gestes barrière à des tout-petits qui apprennent seulement ce que c’est que d’être « élève » ? Depuis 2 ans, ils apprennent à partager et à s’entre-aider, et l’on voudrait à présent qu’ils reviennent en arrière ? Les élèves ont des cercles dans la cour distancés d’1m50 et ne peuvent plus jouer ni ensemble, ni sur du matériel commun. Ils ne peuvent plus toucher au matériel de classe, ne peuvent plus aller au tableau. Il leur a été attribué des couleurs : chacun aura l’ensemble des feutres, crayons, pastels… de sa couleur. Quelle tristesse, au delà du fait que l’on marche sur la tête. Et tout cela sans compter les règles de circulation et d’hygiène. Alors non, non et non, ce n’est pas l’expérience de l’école que je souhaite pour mon fils. Et honnêtement, même si c’est plus compliqué depuis le retour des vacances et encore plus depuis que leur père a repris le travail également, je parviens tant bien que mal à le faire progresser « scolairement », probablement autrement qu’à l’école avec sa maîtresse, mais il apprend aussi. Et maintenant qu’il peut aller chez des amis ou en inviter à la maison, il retrouve un peu de vie sociale également (car contrairement à sa soeur, il n’a pas de visio avec sa classe).
  • Et au final, la période compliquée aura duré peut-être un semestre. Elle n’est pas encore tout à fait terminée mais le plus gros de la réorganisation nécessaire (physique et mentale) semble être passé. Et au fond, qu’est-ce qu’un semestre dans leur scolarité, à cet âge ? Qu’est-ce qu’un semestre sur toute leur vie ? En plus, je pense qu’on en profite pour apprendre d’autres choses, autrement. Nous n’aurions peut-être pas passé une partie de la nuit à guetter les étoiles filantes des Lyrides en avril si nous n’avions pas été en confinement. Et on en apprend également sur nous. Les enfants sont plus proches que jamais. Hier mon fils est allé chez une copine, et bien il a beaucoup manqué à sa grande soeur qui alternait entre moments où elle était contente de déjeuner ou de pouvoir jouer sans lui (et de profiter de passer davantage de temps avec sa Maman sans avoir à la partager, même si la petite soeur était là), mais surtout d’autres moments où son partenaire de jeu lui manquait terriblement.
  • Et enfin, ils ne sont pas dans une année scolaire critique, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas en « fin de cycle ». D’ailleurs cela me fait m’interroger sur les élèves de CM2, de 3ème et surtout de Terminale qui ont dû quitter leur classe du jour au lendemain le 17 mars dernier. Comment faire pour instaurer une sorte de « rite de passage » afin qu’ils prennent conscience qu’une page ou même un livre, pour les Terminale, de leur courte vie, est définitivement tourné(e) et qu’ils n’y reviendront plus ? Ils n’ont pas pu dire au revoir et remercier leurs professeurs et deviendront l’an prochain des « grands » mais sans avoir eu le temps de grandir intérieurement et de le ressentir. Comme pour une grossesse, nous avons besoin de ces 9 mois pour nous préparer à être parent. Eux ont besoin de cette année de Terminale pour évoluer vers le statut très différent d’étudiant. Quelques derniers mois d’insouciance comme vaporisés ? Quelles conséquences cela peut-il avoir dans leur tête et dans leur coeur, de ne pas avoir vécu de « closure » de cette période de leur vie ?

Bref vous l’aurez compris, tout cela a fait qu’il n’y avait même pas de balance à faire pencher, et ma décision était déjà prise avant que l’on ne commence à parler de symptômes de la maladie de Kawasaki liés au Covid-19 chez les enfants. Alors sans même vouloir verser dans la psychose, je garde simplement mes enfants à la maison, quitte à me mettre en difficulté au niveau professionnel car le télétravail avec 3 enfants en bas-âge à la maison, c’est loin d’être évident, et cela fera l’objet d’un prochain billet. D’ailleurs si vous avez des astuces, je suis plus que preneuse !

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